Marcelline Bosquillon nous envoie quelques échos du concours Reine Elisabeth.

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» Marceline et Patrick

Nous sommes désormais - déjà - à la veille de la semaine de l’épreuve finale du Concours ! Les six candidats retenus joueront dans l’impressionnante salle Henry Leboeuf de Bozar, l'oeuvre imposée de Mantovani et un concerto de leur choix , accompagnés par le National Belgian Orchestra. Mais avant cela, petit récapitulatif des demi-finales !

Le décor est toujours le même : Flagey, son magnifique Studio 4 et le couloir menant aux loges et à la scène. Outre les douze candidats, les nouveaux occupants des loges sont le pianiste et chef d’orchestre Frank Braley et le Konzertmeister de l’Orchestre de Chambre de Wallonie, Jean-François Chamberlan. A l’étage au-dessus, sont installés les musiciens de l’orchestre, les cordes, l’harmonie... une ambiance musicale très différente ! Outre les traits d’orchestre des concertos de Mozart qui seront joués, j’entends le solo de cor de la 5e de Tchaikowksy ou de la 7e de Shostakovich, une partie de concerto de violon également. Cela va dans tous les sens. Avec nous - Stéphanie Coerten et moi qui suis toujours « backstage » - également, l’équipe de la RTBF qui filmera et enregistrera les prestations des candidats pour la radio et la télévision.

Cette semaine, à nouveau, le temps se déroule très différemment, nous ne parlons plus qu’en minutes... à l’heure 55, l’orchestre entre et s’accorde, à 56’, je vais chercher le candidat, à 58’ le jury s’installe, à l’heure pile la porte s’ouvre, Stéphanie présente le candidat et son programme, à l’heure 2’, le candidat entre avec Frank, Stéphanie sort et le concert commence... et ainsi de suite. J’ai l’impression d’un temps qui se dilate - la 59e minute nous semble à tous particulièrement longue - avant de reprendre son cours normalement. Nous nous appelons entre nous avec humour les « maîtres du temps ».

Cette fois, les candidats ont à leur programme un concerto de Mozart avec orchestre et un récital de 20 minutes qu’ils vont devoir enchaîner. Soit deux concerts en un, dont ils sortent très fatigués et emplis de doutes. Tous appellent à la sortie de scène leur professeur, leurs amis, leur famille pour avoir un retour... L’un des candidats - qui fait partie des six maintenant - me confie avoir appelé sa professeur qui le suit depuis 7 ans, laquelle pleure au téléphone incapable de lui parler. Un autre sort fort déçu de sa prestation et prêt à faire sa valise et à rentrer chez lui... il est pourtant en finale... d’autres encore sont encore dans l’excitation du concert et heureux d’avoir joué avec orchestre. Après leur prestation, deux épreuves les attendent encore : une interview pour Musiq3 en direct et une autre pour la VRT, puis enfin, le retour dans la famille d’accueil où ils pourront se reposer, se restaurer ou se remettre à travailler. « Practice » est un mot que nous entendons énormément.

Ayant un peu plus de temps entre les prestations, nous prenons une nouvelle habitude, celle de nous retrouver devant notre écran, Patrick, le régisseur de Flagey qui nous accompagne cette semaine, Frank Braley, Salva de la RTBF, Stéphanie et moi, et d’écouter le récital tous ensemble. Frank nous explique comment concevoir un programme de concours, comment aborder la pièce contemporaine imposée... tout cela est très intéressant. Pour rappel, Frank a gagné le premier prix du Concours de piano il y a tout juste trente ans ; il a gardé un lien très fort avec le Concours et avec sa famille d’accueil. C’est d’ailleurs toujours dans sa « famille belge » qu’il loge lorsqu’il est à Bruxelles. Jeune candidat, il était aussi tellement persuadé d’être éliminé à la première épreuve qu’il n’avait pas de costume pour la finale. Il a dû s’acheter en catastrophe un frac et un noeud papillon qu’il est heureux de porter cette année encore, même si le noeud papillon montre des signes évidents de faiblesse et que nous craignons de le voir se détacher en pleine prestation...

Le samedi soir a lieu enfin la proclamation pour la finale... Six sont heureux, six terriblement déçus. Certains réagissent avec plus ou moins de maîtrise. Il faut essayer de les réconforter mais aussi leur donner les informations pour la suite : comment avoir un retour du jury, où et quand faire le test PCR... Je mesure à nouveau à quel point c’est un moment difficile pour ces musiciens qui se sont préparés pendant des années pour ce Concours et qui ont le temps d’un concerto et une vingtaine de minutes de récital pour convaincre un jury. Mais c’est bien sûr la loi des concours...

Dès le dimanche qui suit la proclamation, les candidats entrent, un chaque jour, à la chapelle pour une semaine, où ils seront privés de téléphone et d’accès internet, ils y travailleront leur concerto et découvriront l’oeuvre imposée pour la finale.

La finale commence ce lundi soir avec LE concerto pour piano de Tchaikowksy, mais vous pourrez entendre aussi les jours suivants le 3e de Rachmaninov, le 2e de Brahms, et mon préféré le 2e de Prokofiev !

Bonne semaine à leur écoute.

Très musicalement vôtre

» Marceline

26 mai 2021