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» Rosette et Patrick

Luxembourg, deux soeurs pour un trône

Au Luxembourg, les femmes ont longtemps été exclues du trône. Puis est arrivé le moment où seule une femme peut assumer la lourde charge de chef de l’état. Et c’est sur les frêles épaules de Marie-Adélaïde que repose le défi.

Fille aînée du grand-duc Guillaume IV de Luxembourg et de son épouse Marie-Anne de Bragance, la princesse Marie-Adélaïde est proclamée héritière du trône le 10 juillet 1907. Il s’agit surtout d’écarter son cousin, Georges Nicolas de Merenberg et de conserver le trône luxembourgeois en ligne directe. Le souverain décède en 1912 alors que sa fille n’est âgée que de dix-sept ans. C’est beaucoup trop tôt, elle est beaucoup trop jeune. Et surtout, l’époque est beaucoup trop mouvementée pour que tout cela se passe bien.

Dès 1914, le petit pays est envahi par les troupes allemandes. Durant cette occupation, le Luxembourg est pris en tenaille entre ses deux identités. D’un côté, sa proximité naturelle et géographique avec le monde germanique et de l’autre, son inclinaison affective vers le monde francophone.

Tout au long de l’occupation, Marie-Adélaïde est soupçonnée d’être favorable à l’Allemagne. Probablement mise-t-elle aussi sur la victoire du Kaiser et la possibilité de récupérer son trône après le conflit. On lui reproche aussi d’avoir outrepassé son rôle constitutionnel et surtout, d’avoir participé au pouvoir de manière trop directe.

Face à un parlement largement hostile, Marie-Adélaïde comprend que ses jours à la tête de l’état sont comptés. Afin de garantir les droits de sa famille, elle n’a d’autre choix que de céder la place à sa soeur cadette. Le 15 janvier 1919, elle abdique en sa faveur et Charlotte devient la nouvelle souveraine. Célibataire et profondément pieuse, Marie-Adélaïde choisit de se retirer à Modène en Italie dans un couvent de Carmélites. Elle y meurt en 1924 alors qu’elle n’a pas encore trente ans. Un destin bien triste...

Encore plus triste si on le compare à celui de sa soeur Charlotte qui devient la septième grande-duchesse du Luxembourg et règnera de 1919 à 1964. La souveraine qui a épousé le prince Félix de Bourbon-Parme va incarner mieux que quiconque l’indépendance nationale et l’esprit de résistance des Luxembourgeois. Le deuxième conflit la pousse à quitter son pays pour poursuivre la lutte contre l’envahisseur. Elle commence par résider à Londres et puis aux Etats-Unis et au Canada.

La grande-duchesse revient en 1945 dans son pays et apparaît au faîte de sa gloire. Elle favorise les alliances internationales, notamment dans le sens d’une union avec la Belgique et les Pays-Bas. En 1956, elle reçoit des mains du pape Pie XII une rose d’or, signe rare de reconnaissance de la part de l’église catholique. En 1964, elle s’efface volontairement au profit de son fils Jean qui devient à son tour grand-duc mais sa popularité ne faiblira jamais.

Quand elle décède en 1985, le souvenir de sa grande soeur Marie-Adélaïde a quitté les mémoires depuis bien longtemps. Jamais peut-être les destins de deux soeurs n’ont jamais été aussi opposés. Dans leur vie et dans l’histoire.

» Patrick Weber

avril 2021