Le jeudi 17 novembre 2022

L’histoire de notre justice... et demain ?

Anne Gruwez, une femme de convictions. D’abord avocate, ensuite juriste conseillère pour le cabinet du ministre de l’Intérieur, Anne Gruwez est aujourd’hui juge au tribunal de Bruxelles. Elle parle de son métier de juge d’instruction sans langue de bois. Cela n’a pas toujours été apprécié par les autorités, mais ne l’a pas empêchée de continuer librement son chemin, en empochant au passage une distinction en tant qu’actrice dans le documentaire Ni juge, ni soumise et un beau succès d’édition avec son livre Tais-toi ! Si la justice m’était contée.

Une conférence interpellante

Depuis 30 ans que je suis juge d’instruction et bien avant moi, la Justice évolue au gré de l’encombrement de ses tribunaux, de l’adaptation des moeurs ou plus simplement du respect de la société pour chacun des siens.
On a connu le Vieux Palais de Justice de Bruxelles où Verlaine a été condamné en 1873 parce que la morale réprouvait l’homosexualité. On a connu 1882 où Léon Peltzer a bénéficié de la première libération conditionnelle parce qu’on voulait éviter la désespérance des condamnés. On a connu les grâces et une dernière condamnation à mort exécutée en pleine Première Guerre Mondiale.
On connaît le Poelaert dû au «skieven architect». On connaît Forest et St Gilles dues à Ducpétiaux qui s’y connaissait. On a connu l’abolition de la peine de mort par l’extradition de Patrick Haemers. On a connu la dépénalisation de l’avortement. On connaît aujourd’hui la drogue qui envahit la société au point que sa seule consommation n’est plus réprimée. Et demain ?
- Anne Gruwez