Le jeudi 21 septembre 2023

Les somptueux hôtels particuliers à Gand au XVIIIe siècle

Le Club de l’Histoire nous a emmenés pour une journée très exclusive à la découverte d’hôtels particuliers dont le goût du décor et la grâce oscillent entre prestige et intimité.

Le régime autrichien encourageait le commerce dans nos contrées et introduisit une forme de libéralisme. Une nouvelle classe sociale très fortunée, disposa des permis de bâtir nécessaires à la construction d’hôtels particuliers somptueux dont plusieurs restent aujourd’hui très bien conservés. L’influence française est omniprésente. Le goût du décor, la grâce, la légèreté agrémentent les salons en enfilade dont l’agencement oscille entre prestige et intimité…

Hôtel Falligan (1754)

La perle du rococo gantois située sur le Kouter, peut être considérée comme la « place m’as-tu-vu » de l’époque: robes élégantes, calèches luxueuse... c’était l’endroit à la mode. Grâce à la fortune du père de Jeanne - faite dans le commerce d’Outre-mer avec la Société d’Ostende - le jeune couple Jeanne et Hector Falligan construisit cette demeure exactement à la mesure de son goût. Hector Falligan adorait la musique et le couple érudit fit peindre des allégories réalisées par Van Reysschoot. L’influence française y est très présente et se mêle étroitement au baroque flamand.

Hôtel Clemmen (1746 - 1772)

Judocus Clemmen racheta l’immeuble à la veuve du célèbre architecte David ’t Kindt en 1771. Il y poursuivit les aménagements entrepris mais dans un style plutôt Louis XVI. Clemmen, producteur de coton, exploitait l’arrière du bâtiment donnant accès à la Lys et au port “entre 2 ponts”. Le salon le plus remarquable est un salon chinois exceptionnel orné de tableaux sur soie.

Hôtel d’Hane-Steenhuyse (1767-1787)

Comme l’hôtel Clemmen, il se dresse sur la prestigieuse Veldstraat, parallèle à la Lys et très proche du port. Cette demeure, la plus somptueuse de l’époque, fut construite par le comte d’Hane. Elle était destinée aux grandes réceptions et à l’accueil d’hôtes prestigieux. L’on y vit Louis XVIII durant les 100 jours, le tsar Alexandre Ier ou encore le roi Guillaume Ier d’Orange. L’hôtel fut vendu à la ville voici une 40aine d’années. Les salons nous offrent une image assez fidèle du lustre d’antan grâce à la bonne conservation du salon chinois, des toiles peintes par Van Reysschoot, du trompe-l’oeil dans la salle de bal et du superbe parquet.

Hôtel van Saceghem (1773)

Ce bel hôtel particulier affiche le style Louis XVI comme les autres immeubles XVIIIème de la Drabstraat et du Poel. À l’époque, cette rue était stratégique en raison du passage du canal du vieux quai au bois, Oude Houtlei, vers le port “aux 2 ponts” où il retrouvait la Lys. La famille van Saceghem adorait les jardins et collectionnait les oeuvres d’art. L’hôtel appartient désormais à la ville et est occupé par l’académie. Comme souvent, on y trouve un salon chinois et également de beaux éléments Louis XVI tardif-début Empire rappelant les décors pompéiens et égyptiens.

Hôtel Verhaegen (1768 et plus tard)

La façade arrière qui donne sur le jardin est de style rococo contrairement à celle donnant sur le vieux quai au bois, Oude Houtlei, qui comporte des éléments Louis XVI et Empire. L’élégante demeure est ornée d’un salon chinois mais fut rendu célèbre surtout pour ses ravissantes toiles murales réalisées par Van Reysschoot dans un style italianisant. Le Jardin donne sur les écuries et crée une oasis de verdure au coeur de la ville.

Une journée très exclusive et très riche en surprises séduisantes. Nous avons visités pas moins de cinq hôtels particuliers avec notre guide Louise Vandewerve.